Dans cet article, il ne s'agit pas de l'homme augmenté comme certaines "élites" cherchent à le produire en améliorant ses capacités intellectuelles par des techniques ultrasophistiquées qui font appel, entre autres, à l'intelligence artificielle. Plus simplement, il s'agit d'une manipulation de l'esprit de l'homme par des stratagèmes psychologiques pour lui faire accepter un message censé faire de lui une nouvelle créature au sens biblique. Malheureusement, cette manipulation n'est qu'une tromperie qui risque de rendre sa victime imperméable au vrai message de l'évangile.
1986, année de la rédaction de l'article, est située à une période de l'histoire de l'église ou les nouvelles méthodes d'évangélisation, basées sur la psychologie, se trouvaient en pleine expansion. Malheureusement, aujourd'hui l'esprit de l'évangélisation reste grandement marqué, tout en étant, de plus, influencé par l'esprit de marketing, dont les réseaux sociaux se font les agents.
L'HOMME MACHINE !
la place qu'occupe le dieu-science dans la pensée de beaucoup de nos contemporains est révélatrice d'une perte de confiance en Dieu, mais également d'un mépris envers l'humanité. En effet, les techniques employées pour orienter les réponses s'appuient sur l'étude du comportement humain, envisagé comme un ensemble de rouages, ou comme une succession de réactions psychologiques. Cette conception de l'homme-machine ou de l'homme-rat conditionné, s'est infiltrée ces dernières années dans les méthodes d'évangélisation.
Je sais trop bien qu'aucun de mes collègues chrétiens, affirmera tout haut que l'homme n'est qu'une simple machine. Je sais aussi trop bien que tous, théoriquement tout au moins, souscrivent à la confession de foi, que l'homme est une âme, qu'il a un esprit et qu'il est entièrement responsable de ses actes. C'est pourquoi il est extrêmement important de savoir comment les évangélistes chrétiens considèrent leurs semblables, hommes et femmes, à évangéliser.
C'est déjà grave de les traiter, comme des rats conditionnés pour délier leurs bourses sous l'effet de méthodes astucieuses, c'est encore bien plus grave d'employer des méthodes similaires pour les conditionner à entrer dans le royaume de Dieu.
QUE DIT L'ÉCRITURE ?
Est-ce que Dieu attire dans son royaume en court-circuitant la pensée et la volonté de ses créatures, ou en anesthésiant leurs facultés de sensibilité et de réaction ? La manière dont certains réveils sont décrits, pourrait nous le faire croire. L'écriture est tout d'un autre avis. "nous refusons les cachotteries honteuses ; nous ne nous conduisons pas avec fourberie, et nous n'altérons pas la parole de Dieu. Mais en manifestant la vérité, nous nous recommandons à toute conscience humaine devant Dieu" (2 cor 4:2).
L'écriture préconise très logiquement, l'approche suivante : d'abord toucher l'intelligence et la compréhension (en manifestant la vérité) et ensuite s'adresser à la conscience (nous nous recommandons à toute conscience humaine, devant Dieu). En respectant cet ordre biblique, je m'apercevrai que les émotions de l'auditoire sont aussi affectées par cette prédication, et que la volonté s'exprimera par une décision délibérée au travers d'un acte de foi.
La succession des étapes est de toute importance : compréhension, conscience, émotion, volonté. ce n'est pas honnête de privilégier les émotions au détriment de la pensée.
Le réveil décrit dans Néhémie commence par une lecture suivie d'une explication des écritures « pour faire comprendre au peuple ce qu'il avait lu » (Neh 8:8). Ce n'est qu'après avoir compris les erreurs et les égarements que leurs consciences furent éveillées et qu'ils furent émus.
Malheureusement vous pouvez déclencher des émotions sans éclairer le moins du monde l'intelligence. Pourtant votre véritable nature appelle de tous ces voeux, une explication qui illumine notre intelligence, laquelle, à son tour, sensibilise la conscience, œuvre qui peut s'extérioriser par des émotions. Toute autre démarche constitue une insulte, et un mépris de notre nature, en même temps qu'elle déshonore Dieu.
L'ÉTRANGE RESSEMBLANCE
Pendant des années, j'ai senti qu'il y avait de graves lacunes dans l'évangélisation moderne. J'étais troublé à tel point qu'à un moment donné, j'ai failli devenir agnostique. L'étrange ressemblance entre les campagnes d'évangélisation et les campagnes publicitaires et les ventes promotionnelles avait tellement sapé ma confiance que je n'accordais plus aucun crédit à ce que les évangélistes affirmaient. Grâce à une meilleure compréhension de la révélation de Dieu dans l'histoire, grâce aussi à une meilleure prise de conscience de l'historicité de la résurrection de Jésus-Christ, je retrouvai une assurance calme et profonde que rien ne pouvait plus ébranler, pas même les méthodes modernes d'évangélisation.
« ALORS, JE SUIS SAUVÉ ! »
Je me suis converti à l'âge de huit ans. Par une ironie du sort, ma conversion s'est opérée sous une grande tente où un évangéliste irlandais prêchait le vieil Évangile. Deux impressions sont restées profondément gravées dans mon esprit : l'odeur des copeaux de bois frais et la phrase : « la rédemption par une victime substitutive ». Je demandai à ma mère une explication de ses mots difficiles. Quand elle eût répondu à ma question, je dis le plus naturellement du monde, et sans la moindre hésitation : « bien ! alors, je suis sauvé ! » Je m'en souviens comme si c'était hier. Personne ne me conseilla de « rendre témoignage » ; je n'aurais d'ailleurs pas compris ce qu'il voulait dire par ses mots ! Néanmoins, le lendemain de ma conversion, je trouvais tout naturel de faire part à mes amis, surpris de ce qui s'était passé sous la tente.
CRISE DE CONFIANCE
Par la suite, j'eus l'occasion d'assister à de nombreuses campagnes d'évangélisation. Au début, tout me semblait bien et juste. Mais plus je grandissais, et plus j'entendais la prédication de l'évangile, plus ma foi était ébranlée. les influences mondaines auquelles j'étais confronté, n'ont pas réussi à semer le doute en moi. Au contraire. J'avais grandi en me familiarisant avec l'écriture, et souvent, au cours d'instruction religieuse, je m'opposais seul aux critiques qu'adressait l'instructeur à l'encontre de la Bible. Mes réactions étaient si déterminées et si véhémentes qu'on me pria de ne plus assister à ce cours. Pendant ces heures, je passais mon temps à la bibliothèque de l'école. Je me mis à apprendre par cœur de longs passages du Nouveau Testament.
Les adversaires déclarés du christianisme n'ont jamais réussi à me faire mettre en doute les vérités bibliques. Seuls les prédicateurs de l'évangile ont fini par insinuer le doute dans mon cœur, en faisant naître en moi ce qu'on appelle communément aujourd'hui, une crise de confiance. J'avais un penchant très fort pour la lecture. Je dévorais toutes sortes de littérature, moderne et romantique, des nouvelles et de la poésie. Instinctivement, j'ai commencé à établir une relation étroite entre la Vérité et la bonne littérature. D'une manière encore floue, et que j'aurais été un capable d'expliciter, je me mis à confronter les évangélistes que je connaissais à des auteurs comme Dickens, Shakespeare, Tolstoï est Dostoïevski, et j'arrivai à la conclusion que les bons auteurs étaient plus honnêtes que les bons évangélistes. Cette constatation aggrava ma crise de confiance.
Ce malaise s'accru encore lorsque j'ai pris une part active dans les campagnes d'évangélisation. Avec le temps, je devins conseiller, chargé de rencontrer les personnes qui "s'étaient avancées" ou qui "avaient fait profession de foi", mais qui s'étaient réveillées le lendemain, en se demandant ce qui avait bien pu les frapper. Malgré des heures d'entretien avec certaines personnes, elles ne furent pas convaincues des vérités de la parole de Dieu, ni de l'authenticité, de l'expérience qu'elles avaient vécue lors de la campagne d'évangélisation. En fait, cette expérience en avait rendu plusieurs amers et hostiles à l'évangile au point qu'il semblait impossible, à vue humaine, de les calmer.
C'est en regardant une émission télévisée présentant l'interview d'un homme d'affaires américain, qui avait subi un lavage de cerveau l'amenant à signer de fausses confessions en Hongrie, que j'ai compris soudain où était le problème des gens que j'avais rencontrés. Pour la première fois, je me mis à suspecter des méthodes d'évangélisation. Elles me donnaient l'impression de n'être que du lavage de cerveau.
LA DIFFÉRENCE
Penser que certaines conversions pourraient n'avoir aucune dimension spirituelle et n'être que manipulation psychologique scandalisera plus d'un lecteur. Et pourtant, c'est là une triste et stricte vérité. Le mot psychologique exprime le lien ou l'appartenance au domaine de l'âme, de la « psyché » ; le mot phénomène signifie : « qui peut être observé ». Toutes les conversions impliquent un changement de pensée et un changement qui devient visible pour les autres, et par conséquent, qui peut être un fait d'observation. Ce qui différencie la conversion chrétienne de toute autre conversion, c'est qu'elle s'accompagne de la régénération ou nouvelle naissance. La conversion est réelle lorsque le changement d'attitude est produit par la semence de la Parole de Dieu dans la pensée du croyant, manifestée par l'éclosion d'une nouvelle vie, venant de Dieu.
John White
Extrait de « Le Veau d’Or »
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