LES PAROLES VAINES : le piège à éviter
- L. GILMAN
- 2 févr. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 mars

1. Les chrétiens en prière : Quand la ferveur devient vacarme
« En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés » (Matthieu 6:7). Jésus s’adresse ici à ses disciples, ceux qui croient en Lui, pour corriger une tentation universelle : transformer la prière en un exercice de répétition mécanique ou en une liste interminable de requêtes. Les païens, dans leur ignorance, pensaient que multiplier les mots impressionnerait leurs dieux. Mais le Dieu vivant, Lui, n’est pas sourd ni manipulable. « Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez », ajoute Jésus, avant de donner le Notre Père comme modèle (Matthieu 6:8-13). Cette prière, brève mais complète, honore Dieu, invoque son Royaume, couvre nos besoins essentiels et appelle au pardon – rien de superflu.
Pourtant, combien de chrétiens tombent dans le piège des paroles vaines ? Certains répètent inlassablement les mêmes phrases, comme si Dieu avait besoin d’être convaincu par leur insistance. D’autres débitent des formules toutes faites, apprises par cœur, mais vidées de cœur – un rituel sans âme. Il y a aussi ceux qui prient uniquement pour eux-mêmes, leurs désirs, leurs petits problèmes, oubliant la grandeur de Dieu et les besoins du prochain. Salomon met en garde : « Ne te presse pas d’ouvrir la bouche […] car Dieu est au ciel, et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses » (Ecclésiaste 5:2). La prière n’est pas une performance verbale, mais un abandon confiant. L’Esprit lui-même, dit Paul, intercède pour nous « par des soupirs inexprimables » (Romains 8:26). Un cri, une larme, un silence adorateur peuvent dire plus que mille mots. Les paroles vaines, ici, sont celles qui noient la foi dans le bruit, au lieu de la porter vers le trône de grâce.
2. Les ignorants de la vérité et les faux enseignants : Le poison des mots creux
Paul emploie le terme « paroles vaines » pour fustiger ceux qui s’écartent de la vérité. Dans 1 Timothée, il parle des « vaines discussions d’hommes corrompus d’entendement, privés de la vérité, et croyant que la piété est une source de gain » (1 Timothée 6:5). Ces faux docteurs, souvent motivés par l’orgueil ou l’appât du profit, remplissent l’air de discours stériles. Ils « veulent être docteurs de la loi, et ils ne comprennent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment » (1 Timothée 1:7). Leur ignorance ne les arrête pas : ils parlent, débattent, séduisent, semant le doute et la division.
À Tite, Paul décrit ces « vains discoureurs et séducteurs » qui « bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux ce qu’on ne doit pas enseigner » (Tite 1:10-11). Ce sont des charlatans spirituels, des marchands de vent qui exploitent la crédulité des foules. Ils discourent sur des fables, des spéculations, des hérésies, sans jamais s’ancrer dans la Parole révélée. Paul exhorte Timothée à fuir ces « discours vains et profanes » et les « disputes de la fausse science », car ils détournent de la foi (1 Timothée 6:20-21). Ces paroles ne construisent rien : elles flattent l’ego, alimentent les querelles et corrompent les âmes. Le danger est d’autant plus grand qu’elles séduisent par leur apparence de sagesse, alors qu’elles ne sont que du bruit masquant le vide. Face à cela, le chrétien doit tenir ferme au « dépôt » de la vérité, sans se laisser emporter par ces vents de doctrine.
3. Les religieux attachés à des débats stériles : L’aveuglement des querelles inutiles
Dans Tite 3:9, Paul met en garde : « Évite les discussions folles, les généalogies, les querelles, les disputes relatives à la loi ; car elles sont inutiles et vaines. » Il vise ici les religieux qui se perdent dans des débats sans fin sur des détails – les aliments purs ou impurs, le respect du sabbat, les jours saints, ou encore les généalogies des anges et des patriarches. Ces questions, souvent héritées des traditions juives ou des ajouts humains à la Loi, deviennent des pièges. Obsédés par ces points secondaires, ils perdent de vue l’essentiel : la grâce de Dieu révélée en Christ.
Ces « discussions folles et inutiles » engendrent des querelles, comme Paul le souligne à Timothée : « Repousse-les, sachant qu’elles font naître des divisions » (2 Timothée 2:23). Ce groupe inclut ceux qui, par zèle mal placé, transforment la foi en une compétition intellectuelle ou en une liste de règles à suivre. Ils argumentent, dissertent, jugent, mais leurs paroles tournent à vide, car elles ne mènent ni à l’édification ni à l’amour. Ce travers n’est pas réservé aux temps anciens : aujourd’hui encore, certains se déchirent sur des points de doctrine mineurs ou des pratiques rituelles, oubliant que « le Royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit » (Romains 14:17). Les paroles vaines, ici, sont celles qui érigent des murs là où la grâce veut bâtir des ponts.
Conclusion élargie
Ces trois groupes – les priants bavards, les faux docteurs verbeux, les religieux disputailleurs – illustrent un même danger : les mots mal employés, nous éloignent de Dieu. La prière sincère, l’enseignement vrai et la foi vivante exigent une parole mesurée, ancrée dans la vérité et tournée vers l’essentiel. Car, comme Jacques le rappelle, la langue est « un feu » (Jacques 3:6) : elle peut éclairer ou détruire, selon l’usage que nous en faisons.
L. Gilman
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