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LES IDOLES DANS NOS RELIGIONS



Nous attendons d’une idole qu’elle nous donne ce que Dieu seul peut donner. Au sein des communautés religieuses on rencontre l’idolâtrie surtout lorsque des vérités doctrinales sont élevées à la position de faux dieu, lorsque les gens se croient justifiés grâce à l’orthodoxie de leur doctrine, alors que leur salut ne devrait dépendre que de Dieu et de sa grâce. C’est une erreur subtile, mais fatale. Vous savez que vous êtes tombé dans ce genre d’autojustification quand vous devenez ce que le livre des Proverbes appelle un « moqueur ». Les moqueurs font toujours preuve d’arrogance et de dédain envers leurs opposants, mais jamais de grâce. Cette attitude démontre à elle seule qu’il n’ont pas conscience d’être eux-mêmes des pécheurs sauvés par grâce. Croire qu’ils ont raison suffit à ce qu’ils se sentent supérieurs.


Dans les communautés religieuses, une autre forme d’idolâtrie est la tendance à élever les dons et les réussites du ministère au rang de faux dieu. Les dons spirituels (les talents, les capacités, la performance, la croissance) sont souvent pris à tort pour ce que la Bible appelle « le fruit de l’Esprit » (l’amour, la joie, la patience, l’humilité, le courage, la douceur). Même les pasteurs qui croient être « sauvés par la grâce seule » peuvent être convaincus que leur statut auprès de Dieu dépend grandement du nombre de vies touchées par leur ministère.


Vivre une bonne vie morale peut aussi devenir une idole religieuse. … le mode par défaut du coeur humain est de chercher à contrôler Dieu et autrui par notre performance morale. Quand nous vivons de façon vertueuse, nous croyons que Dieu et les autres nous doivent respect et soutien. Nous prenons peut-être Jésus comme exemple et comme source d’inspiration, mais nous nous appuyons toujours sur nous-mêmes et sur notre force morale pour le salut.


Delbanco explique que le changement culturel important du Siècle des Lumières fut d’abandonner l’orthodoxie religieuse et de remplacer Dieu par le système occidental ou l’épanouissement individuel. Les résultas ne sont pas bons. Placer la Nation sur le trône de Dieu conduit à de nombreux dysfonctionnements que nous avons déjà évoqués. Pourquoi notre culture a-t-elle cessé de trouver en Dieu son espérance ? Je crois que c’est parce que nos communautés religieuses ont été, et constituent d’être, remplies de ces faux dieux. Faire une idole de la précision doctrinale, du succès de son ministère ou de l’excellence morale conduit à d’incessants conflits internes, à l’arrogance, à la justification de soi, et à l’oppression de ceux qui pensent autrement. Ces effets secondaires toxiques de l’idolâtrie religieuse nous ont amenés à une désaffection généralisée de la religion et surtout du christianisme. Convaincus que nous avons essayé Dieu, nous nous tournons maintenant vers d’autres espérances, aux conséquences dévastatrices.


Timothy Keller

« Les idoles du coeur »



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