ll y a quelques jours j’ai posté un message sur le "tomber dans l’esprit", et force est de constater que ce message a soulevé beaucoup de réactions. Je voudrais m’expliquer sur ma démarche à publier ce genre de message. Je sais que c’est difficile à entendre quand quelqu’un tient un discours qui casse les modèles que nous avions eu l’habitude de voir.
Tout d’abord je tiens à dire que je crois en un Dieu tout puissant, Maître du temps et des circonstances, qui agit selon le bon conseil de sa volonté, et qui fait encore des miracles et prodiges aujourd’hui, quand il en décide ainsi.
Je voudrais néanmoins préciser que nous vivons en 2022, environ 6 000 ans après la création, et que le serpent est devenu un dragon, et qu’il a eu largement le temps d’apprendre à connaitre les mécanismes de fonctionnement de l’homme, il est devenu un maitre de subtilité pour séduire le monde, et même les élus s’il en était possible. Les maitres-mots sont donc vigilance et discernement : soyons prudents comme des serpents et simples comme les colombes.
Ce qui fait débat c’est le rôle du Saint Esprit et ses manifestations.
Voici selon la Bible, le rôle qui lui est attribué :
Le Saint-Esprit est un gage qui scelle les élus (Ephésiens 1 : 13 et 14) « En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l'Evangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s'est acquis, à la louange de sa gloire. »
Le Saint-Esprit est celui qui applique l’œuvre du salut « dans la rédemption il y a pour l'Esprit œuvre propre parce qu'il y a mission, Il est, d’après le nouveau testament, l’auteur de la rédemption subjective opérée en nous, l’applicateur du salut » (Henri Blocher)
Les différentes phases du Saint-Esprit dans la vie d’un chrétien :
Le Saint-Esprit appelle à la conversion, Jean 16 : 7 à 11 : « Cependant je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous; mais, si je m'en vais, je vous l'enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement : en ce qui concerne le péché, parce qu'ils ne croient pas en moi; la justice, parce que je vais au Père, et que vous ne me verrez plus; le jugement, parce que le prince de ce monde est jugé.
Le Saint-Esprit réalise la conversion
Il fait naitre de nouveau : 1 Jean 5 : 1
Il régénère par l’esprit : Tite 3 : 5
Il lave, justifie et sanctifie : 1 Corinthiens 6 : 11
Il nous scelle : Ephésiens 1 : 13
Il nous baptise de son Esprit à la conversion : 1 Corinthiens 12 : 13
Il nous équipe par ses dons pour l’édification de l’Eglise : 1 Corinthiens 12, 13 et 14 ; Romains 12, Ephésiens 4, 1 Pierre 4 : 7 à 10
Le Saint-Esprit nous fait ressembler à Jésus, en portant ses fruits : Galate 5 : 22 à 24
Le Saint-Esprit est impliqué dans bon nombre d’activités, dans la vie d’un Chrétien
Être transporté de joie : Luc 10 : 21
Former un projet ou prendre une décision : Ephésiens 2 : 10
Prier dans l’Esprit : Ephésiens 6 : 18, Jude 20
Aimer dans l’Esprit : Colossiens 1 : 8
La Bible nous donne 4 impératifs en rapport avec l’Esprit de Dieu :
Galates 5 : 16 : « Je dis donc : Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair. »
1 Thessaloniciens 5 : 19 : « N'éteignez pas l'Esprit. »
Ephésiens 4 : 30 : « N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption. »
Ephésiens 5 : 18 : « Ne vous enivrez pas de vin : c'est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l'Esprit »
En résumé, voici ce que fait le Saint Esprit : Il adopte, Il baptise, Il rend témoignage, Il appelle au ministère, Il convainc, Il revêt de puissance, Il remplit, Il garantit, Il garde, Il illumine, Il habite, Il intercède, Il conduit, Il produit du fruit, Il crée un caractère spirituel, Il régénère, Il rappelle, Il limite, Il convainc de péché, Il ressuscite, Il révèle la vérité, Il sanctifie, Il scelle, Il choisit les anciens, Il envoie, Il fortifie, Il enseigne.
Nous voyons donc après cette lecture, que l’œuvre de l’Esprit est dans la sanctification du croyant après l’avoir converti, pour tendre à un changement de vie conforme à celle de Christ, en vue de glorifier Dieu.
Maintenant ce que je veux dénoncer, c’est l’attribution de l’œuvre de l’Esprit de Dieu à ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire un mysticisme déviant qui éloigne les chrétiens de la recherche fondamentale de la sanctification authentique selon la Parole de Dieu, et la remplace par des attraits charnels qui édifient l’âme plutôt que l’esprit.
Cela n’opère aucun changement dans la vie du croyant, pire même, cela le conserve même dans un état de somnolence dans sa condition spirituelle. Car nous savons que l’homme est constitué en 3 partie : l’esprit, l’âme et le corps, et que ces parties ont toutes besoin de nourriture pour grandir et subsister. Si vous nourrissez la chair (le corps et l’âme), et nous savons que la chair fait la guerre à l’esprit, et bien elle prendra le dessus sur tout ce qui est spirituel. Et au contraire, si vous donnez de la bonne nourriture à l’Esprit, celui-ci grandira et s’épanouira dans votre vie. Or, rechercher ces expériences d’exaltation, c’est nourrir un sensationnel qui caresse la chair, et cela étouffera l’Esprit. L’Esprit doit rester le moteur du croyant qui influence l’âme et le corps et non le processus inverse.
Tiens, prenons justement le cas des expériences du "tomber dans l’esprit", qu’est-ce que cela peut vraiment opérer comme changement dans la vie d’un chrétien qui recherche la sanctification et la maturité spirituelle ? Quel pourrait être le fruit ? Je n’en vois pas.
J’ai assisté par le passé à des réunions ou des séminaires de personnes qui pratiquaient ce genre de choses, pendant des séances de délivrance notamment, l’imposition systématique des mains pour voir la personne tomber en arrière, signe supposé authentifier l’action de Dieu dans le corps de la personne. J’ai moi-même eu droit à ces mains sur moi. On prie, on prie, il ne se passe rien, on insiste, toujours rien, alors on appuie plus fort les mains sur la tête avec un petit mouvement d’impulsion comme pour inciter psychologiquement à tomber, comme pour collaborer avec le Saint Esprit… alors on tombe… un peu pour faire plaisir, pour faire comme tout le monde, car on dit que la résistance vient de nous et qu’il faut lâcher prise… Puis des déversements de flots de paroles en langue sont lâchées, paroles dites avec autorité, puis on commence à chasser des choses, des esprits… Et cela dure pendant de longues minutes, jusqu’à ce que le ton s’apaise un peu et puis jusqu’à épuisement de paroles. Après tout il n’y a aucune réaction, aucun tremblement ni secousse, c’est que ça doit être ok. Puis on se relève, on nous sourit, voilà c’est fini, la séance est terminée, suivant… On rentre à la maison et on constate que les combats contre lesquels on se battait sont toujours là, pire encore, on sent une oppression et une attaque encore plus écrasante. Comme on se sent seul et vraiment perdus dans ces moment-là…
Alors vous me direz : "oui mais toi tu n’as pas vraiment expérimenté le réel "tomber dans l’Esprit" puisque c’est toi qui est tombé de toi-même." Peut-être, mais cela ne nous montre-t-il pas que c’est devenu une tradition dans certains milieux charismatiques, d’opérer selon des schémas répétitifs et tant pis si ce n’est pas authentique, pourvu qu’il y ait un résultat visible. Et là, nous sommes déjà dans une dérive, car on essaie d’agir à la place de Dieu.
L’action du Saint-Esprit en moi qui a porté du fruit et permis une « délivrance » c’est une prière sincère et forte qui criait au cœur de Dieu : « Seigneur, fais-moi connaitre qui tu es », et la réponse à cette prière de l’Esprit de Dieu a été de sonder dans la Parole de Dieu sa souveraineté, qui Il est, et quel est son plan. Ces révélations de l’Esprit de Dieu par la Parole de Dieu ont permis une paix intérieure qui a détruit l’action de l’ennemi dans ma vie, par la connaissance de la vérité qui rend libre. Pas des guiliguilis ou des chatouillis de transe…
En ce qui concerne les discussions sur le passage de Jean 18:6 et de l’interprétation du fameux mot grec « pipto » traduit par « ils tombèrent », la question est : sont-ils tombés en arrière ou bien se sont-ils prosternés comme l’une des traductions du mot grec laisserait entendre également ? Je ne sais pas. Mais j’aime à croire qu’ils se sont effectivement prosternés devant le grand JE SUIS, car la parole déclare selon Philippiens 2:9-10 : « C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre ».
Qu’est ce qui glorifie plus Dieu ? un homme qui se prosterne en sa présence, ou bien un homme qui tombe en arrière par une puissance incontrôlable et extérieure à lui ?
Jean Calvin, il y a environ 500 ans, remettait l’emphase sur le rôle du Saint Esprit et son action en ces termes : « Il est donc facile de comprendre que nous devons nous consacrer activement à écouter et à lire les Ecritures, si nous voulons recevoir les bienfaits que dispense l’Esprit de Dieu… Il est l’auteur des Ecritures : Il ne peut ni varier, ni se contredire. C’est pourquoi Il ne peut s’écarter de ce qu’il a une fois déclaré. Il n’y a pour lui nul déshonneur à cela – à moins que nous ne disions que son honneur consiste à changer et à se renier… L’Esprit de Dieu est si étroitement uni à la vérité de Dieu exprimée dans les écritures qu’il ne manifeste sa puissance que là où la Parole est accueillie avec le respect requis…Dieu n’a pas donné sa Parole aux hommes pour en faire une brève parade et l’abolir tout aussitôt par l’avènement de son Esprit. Mais il a envoyé son Esprit, par la puissance duquel il avait d’abord dispensé sa Parole, pour achever son œuvre en la confirmant efficacement. »
Plus loin il accusera certaines dérives en ces termes : « Ceux qui, abandonnant l’Ecriture, imaginent je ne sais quelle voie pour parvenir à Dieu sont en proie, non à une erreur mais à un véritable délire. Nous avons vu récemment se manifester des exaltés qui, prétendent orgueilleusement être enseignés par l’Esprit, dédaignent la lecture de l’Ecriture et se moquent de la naïveté de ceux qui suivent – comme ils disent – la lettre morte et meurtrière. N’est-ce pas une folie diabolique… de prétendre que l’Ecriture n’a qu’un rôle temporaire et transitoire ?... Le rôle du Saint Esprit, tel qu’il nous a été promis, n’est pas d’inventer des révélations nouvelles, inouïes, ou de forger une nouvelle doctrine pour nous détourner de la doctrine de l’Evangile, mais bien de sceller et de confirmer dans nos cœurs la doctrine que l’Evangile nous enseigne. »
Ce à quoi nous assistons de plus en plus, telle la contagion d’un fruit pourri dans les milieux charismatiques, ressemble plus à ce que nous pouvons comparer dans les religions bouddhistes ou hindouistes avec les transes Kundalini qu’à ce qui est décrit plus haut sur les fruits de l’Esprit.
Franchement, je n’imagine pas Jésus manifester ce genre de réactions à la limite de la transe et du chamanisme, en train de se torde de rire par terre, ou de convulser dans des soi-disantes révélations.
Alors attention, je ne suis pas en train de rejeter toute manifestation qui semblerait spirituelle et miraculeuse dans la vie d’un croyant, je crois qu’il faut trouver un juste équilibre. Dieu est aussi un Dieu de miracle, et quand je parle de miracle, je parle de choses irrationnelles : guérisons, rêves ou songes, cas rares de manifestations de visions ou apparitions angéliques ou même du Seigneur Jésus lui-même, etc... Mais nous ne devons pas rechercher à tout prix ces choses qui doivent rester secondaires, c’est Dieu qui décide à qui il distribue ses grâces et quand il le fait, même si nous pouvons prier pour en recevoir certaines. Je pense également que beaucoup de « manifestations » tel que des rêves ou des voix intérieures, ou autre, sont souvent témoignées dans la vie d’un croyant pour l’amener à la conversion, mais après cela il doit s’attacher à la Parole pour grandir.
Je voudrais rajouter aussi que je ne suis pas meilleur que quiconque et que je n'ai pas atteint l’état de l’homme (la femme) fait, mature et parfait, conforme au modèle biblique, qui porte du fruit à foison. Non, j’en suis loinnnnn, très loin, peut-être même plus loin que vous, mais que le Seigneur m’aide à discerner quel doit être mon combat, mes aspirations sur cette terre, quels sont les modèles à suivre ou à fuir.
Et puis après tout, le plus grand des miracles et des prodiges que Dieu peut opérer sur terre, c’est la conversion d’une âme pour la transférer dans le royaume du Fils de Dieu.
Jo Vi
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