LA PIÉTÉ, PLUS QU'UNE APPARENCE, UNE VIE

« Aimez l’Éternel, vous qui avez de la piété ! L’Éternel garde les fidèles, et il punit sévèrement les orgueilleux » (Ps 31:23). Ces paroles de David résonnent comme un appel vibrant adressé à ceux qui ont choisi de marcher dans la crainte et l’amour de Dieu. Mais que signifie véritablement avoir de la piété ? Pourquoi est-elle si essentielle dans la vie d’un croyant ? La grâce de Dieu ne suffit-elle pas à elle seule ? Et tous les chrétiens en sont-ils réellement porteurs ? Plongeons dans ces questions fondamentales pour saisir l’importance de cette vertu qui, loin d’être une simple option, est la marque même de l’appartenance à Dieu.

Qu’est-ce que la piété ?

Le terme hébreu « Rhaciyd » (חָסִיד), utilisé dans ce verset, désigne celui qui est saint, pieux et bienfaisant. En français, ces mots se traduisent par une consécration fervente à Dieu, une foi ardente et une générosité sincère envers autrui. La piété, c’est donc bien plus qu’une attitude religieuse : c’est un cœur entièrement tourné vers Dieu, qui se manifeste par des actes concrets d’amour et de charité envers son prochain. Elle incarne les deux grands commandements enseignés par Jésus : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » (Mat 22:37-38) et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mat 22:39). Ainsi, le pieux ne se contente pas de belles paroles : il cherche Dieu avec passion et sert les autres avec compassion.

Est-elle indispensable ?

Oui, absolument. La piété n’est pas un luxe spirituel réservé à quelques élites ; elle est le fondement même de la vie chrétienne. Lorsque nous naissons de nouveau, Dieu grave sa loi dans nos cœurs (Héb 10:16), et cette loi n’est autre que l’amour – pour Lui et pour notre prochain. Cet amour, reçu en abondance de la part du Seigneur, ne demande qu’à déborder sur ceux qui nous entourent. Pourtant, ce débordement ne se produit pas toujours instantanément. Les blessures du passé, les luttes intérieures et le processus de sanctification exigent du temps et de la persévérance. Aimer Dieu peut sembler plus naturel que d’aimer son prochain, mais les deux sont inséparables. Comme un vase rempli à ras bord, un cœur restauré par Dieu ne peut s’empêcher de répandre cet amour – c’est là l’essence même de la piété.

Paul, dans ses lettres, ne cesse d’exhorter les croyants à s’exercer à la piété (1 Tim 4:7-8). Elle ne vient pas sans effort : elle se cultive par la prière, la méditation de la Parole et une recherche constante de la présence de Dieu. Elle est « utile à tout », promettant des bénédictions pour cette vie et celle à venir. Plus encore, elle reflète l’Évangile lui-même, cette « doctrine de piété » (1 Tim 6:3) qui appelle à vivre sobrement, justement et saintement. L’homme pieux se satisfait de l’essentiel, fuyant le superflu du monde, car il sait que « nous n’emporterons rien » (1 Tim 6:7-8).

La grâce ne suffit-elle pas ?

Certes, notre salut repose entièrement sur la grâce de Jésus, qui a tout accompli à la croix. Mais cette grâce n’est pas une excuse pour l’inaction. Au contraire, elle « nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre selon la piété » (Tit 2:11-12). Sauvés des ténèbres pour être transportés dans la lumière, nous sommes appelés à témoigner de notre reconnaissance par une vie qui plaît à Dieu (Héb 12:28). La puissance du Saint-Esprit nous équipe pour cela (2 Pi 1:3), mais nous ne sommes pas des marionnettes. Pierre insiste : « Faites tous vos efforts » pour ajouter à votre foi la vertu, la patience, la piété et la charité (2 Pi 1:5-7). La grâce nous donne la vie ; à nous de la vivre avec zèle et détermination.

Tous les croyants ont-ils la piété ?

Malheureusement, non. Si tous les chrétiens authentiques sont marqués par la piété, certains croyants ne la possèdent qu'en apparence. Paul met en garde contre ceux qui, dans les derniers jours, auront « l'apparence de la piété, mais renieront ce qui en fait la force » (2 Tim 3, 5). Derrière des paroles pieuses se cachent parfois des cœurs égoïstes, orgueilleux ou attachés aux plaisirs du monde. Dieu, qui sonde les reins et les cœurs, ne se laisse pas tromper par ces masques. Ces « religieux » sans substance sont un danger pour la foi ; Paul recommande de s'en éloigner sans hésiter. Aimer son prochain, oui, mais aussi se protéger des influences qui risquent de refroidir notre amour pour Dieu.

Une marque indélébile

En définitive, la piété est la signature du vrai disciple. Elle prouve que notre cœur a été saisi par Dieu et ne désire qu'une chose : lui plaire. Elle grandit en nous au fil du temps, à mesure que nous le cherchons avec ardeur. Posez-vous ces questions : Aimez-vous passer du temps avec Dieu ? Sa Parole vous attire-t-elle ? La compagnie des frères et sœurs en Christ vous réjouit-elle ? Pleurez-vous pour les âmes perdues ? Si oui, la piété a pris racine en vous et ne cessera de croître jusqu'au retour de Jésus.

Mais si prier vous tire, si la Bible vous ennuie, si les chrétiens vous irritent et si le salut des autres vous laisse indifférent, il est temps de vous arrêter. Le jour du Seigneur approche « comme un voleur » (2 Pi 3:10), et nul ne sait s'il verra demain. Humiliez-vous devant Dieu, cherchez-le de tout votre cœur, car c'est en lui que vous trouverez la piété – cette marque indispensable du chrétien authentique. Nous pouvons tromper les hommes, mais jamais Dieu. Alors, où êtes-vous aujourd'hui ?

L.Gilman