Enfin, un livre qui ne mâche pas ces mots au sujet de l’évangile de la prospérité. L’auteur, neveu de Benny Hinn, a travaillé plusieurs années avec son oncle, jouissant de tous les privilèges matériels qu’offre l’évangile de la prospérité, avant de trouver la paix en découvrant le véritable évangile de Jésus-Christ. Aujourd’hui, il est un pasteur épanoui dans son ministère.
Comme son nom l’indique, ce livre dévoile, sans ambages, les coulisses de l’évangile de la prospérité, avec ses mécanismes obscurs et pervers qui consistent à exploiter et à ruiner certaines personnes, par la tromperie et la cupidité.
L’auteur du livre n’a pas comme objectif de dénigrer, mais plutôt de dénoncer des « pratiques » qui déshonorent Dieu. C’est un pasteur, une sentinelle, dont le cœur, passionné pour Jésus-Christ, vibre pour la libération de ceux et celles pris dans les filets de ce pseudo évangile.
En voici quelques éléments clés :
L’Evangile de la prospérité repose sur les efforts de l’homme et non sur la grâce de Dieu
Dieu veut que vous soyez en bonne santé. II vous suffit de le proclamer et de le croire.
Dieu veut que vous soyez riche. Il vous suffit de le proclamer et de le croire.
Dieu veut que vous ayez une vie agréable et facile. Il vous suffit de le proclamer pour qu’il en soit ainsi.
Dieu veut que vous ayez tout ce dont vous avez besoin. Le problème, c’est votre pessimisme.
Dieu a envoyé Jésus mourir sur la croix pour que vous puissiez vivre une vie en abondance. Le problème, c’est votre foi.
Dieu a envoyé Jésus mourir sur la croix pour que vous puissiez obtenir cette promotion dans votre travail. Dieu a envoyé Jésus payer votre dette pour que vous puissiez vivre libre de toute dette. (p.122)
Tel en substance le message de l’Evangile de la prospérité. Toutes les promesses sont terrestres. Pas de vision eschatologique. « Si vous souhaitez voir un désir se réaliser, là, maintenant, tout de suite, il vous suffit de le proclamer et d’y croire… et, bien sûr, de donner de l’argent (…) Il est mort pour vous donner des richesses aujourd’hui ». (p.123)
La « foi » qui permet d’obtenir richesse et parfaite santé, selon la prospérité, est au antipode d’une foi biblique, enracinée dans la Parole, paisible et confiante en un Dieu souverain dont tout ce qui nous arrive demeure sous son contrôle et concourent au bien de ceux qui l’aiment. (Ro. 8.28)
L’origine de l’Evangile de la prospérité
Il s’agit d’un courant dit de la « Nouvelle Pensées » (Phineas Quimby) qui, en substance, est une secte « prônant la guérison mentale et affirmant que, par la pensée, l’homme peut « libérer sa réalité profonde ». (p 196-199). Quimby était philosophe, magnétiseur et spirite, ne se réclamant pas de la foi chrétienne, mais ses théories se sont répandues comme une traînée de poudre au sein de chrétienté, principalement à cause de prédicateurs qui s’en sont inspirés pour pimenter leurs sermons. (Paele, la puissance de la pensée positive).
La foi vue par la prospérité ressemble donc davantage à de l’auto persuasion, une pensée magique, une force, une œuvre humaine, à laquelle Dieu est tenu de répondre. Dieu est relégué au rang de marionnettes et fait de l’homme le « marionnettiste » qui par une « déclaration de foi », impose ses désirs à Dieu.
L’Evangile de la prospérité fait de Dieu un laquais au service de l’homme
Dieu devient une sorte de grand banquier chargé de nous donner de quoi réaliser nos désirs. Elle réduit la mort de Jésus sur la croix à une simple transaction nous permettant d’obtenir des récompense terrestres: de belles voitures, une parfaite santé… (p.124)
.. Et ça marche ! Du moins pour certains leaders de ce mouvement (B. Hinn, J. Meyer, K. Copeland, C. Dollard, C.Steen, P. White, etc.) à en croire leur niveau de vie (Bentley, Mercedes classe G, habits de marques prestigieuses, jet privé, plusieurs millions de dollars par an, etc.). L’étalage de leur richesse serait du reste le gage de l’approbation divine sur leurs vies ointes et leurs ministères.
Rajoutons que presque tous les ministères de la prospérité sont indépendants, autoproclamés, et sans réelles formations théologiques reconnues. L’auteur n’hésite pas à les qualifier de « manipulateurs, faux docteurs, malhonnêtes, cupides, vandales, escrocs, etc. ». Le comportement de son oncle sur l’estrade est taxé de « bizarrerie, singerie, mise en spectacle, théâtral ».
L’auteur à raison de relever que Dieu est Souverain. Il est au dessus de tout. C’est Lui qui commande. Il n’est pas une sorte de génie céleste qui serait là pour me donner ce que je veux et faire ce que je lui ordonne. Il est le Créateur du ciel et de la terre, revêtu de majesté. Il guérit, selon sa volonté, parce qu’il est Tout-Puissant. Il nous sauve, nous qui sommes perdus, à cause de sa miséricorde. Il a pour nous des projets qui nous dépassent, et nous lui devons la vie. Mais Il ne peut être forcé à agir par une offrande. Il ne suffit pas que nous ayons assez de foi pour qu’il guérisse. Et il n’exige certainement ni argent, ni musique spéciale, ni la présence d’un télévangéliste mystique pour accomplir ses desseins.
Face à la souffrance, l’évangile de la prospérité est inadapté
Le thème de la souffrance n’est pratiquement jamais traité. Pourquoi ? Parce qu’elle ne fait pas partie du vocabulaire de la prospérité. Tout est toujours si formidable et parfait dans la théologie de la prospérité. Mais c’est un mensonge. Dieu ne guérit pas toujours. Combien de fausses promesses de guérison. Combien de déceptions…
Parfois, Dieu décide de ne pas guérir, parce qu’il choisit de manifester sa gloire dans la faiblesse. Le témoignage connu de Joni Eareckson, tétraplégique depuis plus de 50 ans, est cité comme exemple.
L’Evangile de la prospérité ne tient pas ses promesses. Ce n’est pas une bonne nouvelle !
Il faut beaucoup donner et avoir beaucoup de cette foi fabriquée par soi-même pour obtenir !
Au final, on s’en doute, des gens perdent leurs revenus, s’appauvrissent et ne sont pas guéris. Ils perdent leur espoir, leur courage et même leur âme. Et c’est leur faute, puisqu’ils n’ont pas eu assez de foi.
Un des mensonges les plus cruels que colportent les « guérisseurs par la foi » des temps modernes, c’est que les gens qu’ils ne parviennent pas à guérir sont reconnus coupables d’incrédulité impie, d’un manque de foi ou d’une confession négative ». (P. 167) John F. Macarthur, cité par l’auteur.
L’Evangile de la prospérité tient « ses adeptes » dans la servitude, la peur et l’illusion
Déposer une semence d’argent dans un ministère oint … Soit verser le plus d’argent possible pour recevoir en retour la santé, la richesse et la bénédiction au centuple ! C’est là le fond de commerce de la prospérité. Ainsi, certains se sont fortement endettés et d’autres fortement enrichis.
La critique est proscrite dans le monde de la prospérité
Ne touche pas à l’oint de l’Eternel ! Formule choc pour éviter tout débat et maintenir dans une dépendance émotionnelle des millions de personnes. L’auteur cite qu’aujourd’hui encore, il reçoit des avertissements de sa famille « l’exhortant à arrêter de faire ce qu’il fait, sous peine de subir le jugement divin ». (p. 277)
L’Evangile de la prospérité est à nos portes
Nous pourrions penser, à tort, que ce phénomène ne concerne que les USA. Mais cet évangile fallacieux gagne du terrain partout dans le monde, causant du tort au véritable Evangile de Jésus-Christ. En Europe, c’est peut-être moins l’aspect de l’argent que celui de la guérison à tout prix, par la foi, qui émerge, mais c’est la même chose.
Pourquoi se faux évangile progresse-t-il ?
Il est difficile de comprendre pourquoi certaines personnes se laissent séduire et comment d’autres utilisent les dons pour financer un train de vie de stars. Se prenant pour une élite, revêtue de « l’onction ».
Comment cette supercherie aux allures chrétiennes a-t-elle bien pu se répandre à ce point ?
Selon l’auteur, plusieurs personnes désirent réellement qu’on leur annonce cet évangile, où tout est possible, où la richesse, le bonheur et la santé sont accessible en permanence. Où tout baigne !
En promettant paix, santé, richesse et bonheur, l’évangile de la prospérité s’adresse aux aspirations les plus profondes du cœur humain.
La dépendance s’installe entre les annonceurs d’idéaux et les personnes en mal être.
Jésus a pourtant dit que son royaume n’était pas ici-bas. Il est inutile d’exploiter les malheureux en leur donnant de faux espoirs. L’auteur relève que dans les derniers temps, « l’égarement gagnera du terrain ».
Conclusion
Le dernier chapitre s’intitule : « Aider les personnes prisonnières de doctrines mensongères ». L’auteur dit que : « non seulement, nous devons annoncer l’Evangile à ceux qui ne l’ont encore jamais entendu, mais il devient nécessaire de le ré-annoncer à ceux qui, au sein même de l’Eglise, croient en un faux Christ (…) car au milieu de cette multitude, il se trouve des brebis qui ont besoin d’être secourues » (p. 251).
Nous devons faire preuve de compassion envers les personnes qui ont été abusées par l’évangile de la prospérité, en leur manifestant de l’amour, de la grâce, en leur présentant l’évangile biblique, gratuit, libérateur.
Comment nous prémunir d’une telle dérive ?
La Bible nous exhorte à devenir des personnes matures en Christ « Or, quiconque en est au lait n’a pas l’expérience de la parole de justice; car il est un enfant. Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal » (Héb.5.13-14).
C’est en étudiant la Parole de Dieu, en la mettant en pratique dans nos vies, en vivant dans la communion fraternelle entre frères et sœurs en Christ, en nous exhortant et nous encourageant les uns, les autres, que nous allons grandir spirituellement, émotionnellement et quitter cet état d’enfant pour devenir adulte dans le Seigneur, capable de discernement.
L’exemple des chrétiens de Bérée, qui examinaient toujours si ce qu’on leur enseignait était conforme à la Parole, doit être un exemple à suivre. (Actes 17.11-15)
Enfin, nos églises doivent rester attachées Seigneur, veiller, prier et ne pas se détourner du véritable Evangile, qui est source de paix, de joie, de vraies guérisons. Quelles que soient nos souffrances ici-bas, que nos prières soient exaucées ou pas, Dieu demeure le Dieu Fidèle, Juste et Saint. Nous voulons lui demeurer fidèles jusqu’au bout avec l’aide de son Saint Esprit.
Charles Burtunger
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