L’expression « dépravation totale » décrit la condition spirituelle de chaque être humain. Le mot « dépravation » fait référence à quelque chose qui est mauvais en soi. Cette doctrine nous enseigne que nous ne sommes pas seulement des ignorants qui ont simplement besoin d’apprendre quelques leçons ou qui ont besoin de développer de nouvelles techniques spirituelles pour entrer en relation avec Dieu. La nature humaine est déchue par rapport au plan initial de Dieu. Nous sommes devenus pécheurs, égoïstes, rebelles et moralement corrompus. Nous nous tenons devant un Dieu saint qui exerce avec justice une tolérance zéro à l’égard du péché. « Dépravation totale » n’est peut-être pas le meilleur terme pour exprimer cette doctrine, car au premier abord, il peut conduire certaines personnes à croire que tous les êtres humains sont méchants au plus haut point. Mais la doctrine de la dépravation totale n’enseigne pas une telle chose. Elle nous montre plutôt comment tous les aspects de notre humanité ont été affectés et viciés par la chute d’Adam dans le péché. Le péché a pollué et corrompu tout ce qui nous compose ; chaque faculté humaine porte la vilaine marque du péché.
Dans l’une de ses lettres, Paul rappelle aux Éphésiens leur condition avant que la grâce de Dieu ne les sauve : Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres Eph 2:1. Le péché n’a pas uniquement provoqué la colère divine ; il a aussi asservi l’humanité entière. Nous vivons selon les « convoitises » de l’ego, mais l’ego selon lequel nous vivons est soumis au péché. Sans le Christ, « nous marchons » selon les principes du monde, comme avec une habitude que nous ne pouvons ou ne voulons pas rompre. Satan, « le prince de la puissance de l’air », « agit » dans les hommes, les femmes et les enfants, assurant ainsi leur désobéissance permanente à Dieu. Qui plus est, cet asservissement au péché touche toutes nos facultés intérieures. Notre esprit est pris au piège et nous suivons ainsi les « pensées » de notre nature pécheresse. Nos objets d’affection et nos sentiments sont corrompus par les « volontés » de notre nature pécheresse. Notre volonté est aussi captive, si bien que nous choisissons de « marcher » selon le train de ce monde. Évidemment, il n’est pas surprenant de constater que beaucoup nient que cette description soit vraie pour eux. Seul le Saint-Esprit, par le moyen de la loi de Dieu, peut réellement faire en sorte que le pécheur prenne conscience de son péché. Mais la réalité est que, tout comme le poison se dissout dans un verre d’eau, le péché s’est infiltré dans toutes les composantes de la personnalité humaine : esprit, cœur et volonté. Le péché a contaminé tous les êtres humains de manière totale. La conséquence de la chute de l’humanité dans le péché est la mort spirituelle devant Dieu. Non seulement le péché nous sépare-t-il de Dieu, mais il rend impossible (en dehors de la grâce et de la permission de Dieu) que nous allions, ou que nous voulions aller vers Dieu.
L’enseignement biblique concernant le péché de l’homme n’a jamais été populaire et ne l’est certainement pas aujourd’hui. En réalité, notre société libérale moderne hait l’idée même que nous appartenions tous à une race déchue et condamnée. Il semble que le but ultime de la psychologie populaire contemporaine soit de flatter les gens et de les faire se sentir bien dans leur peau. Elle leur fait croire qu’ils sont totalement incompris et qu’au fond, ils sont des personnes merveilleusement bonnes. Toute l’attention est fixée sur l’estime de soi et sur la meilleure façon de la renforcer. Or, message de la Bible est très différent. La Parole nous dit que nous sommes tous pécheurs, que notre caractère est foncièrement mauvais et que nous sommes perdus et incapables de nous sauver nous-mêmes de notre situation désespérée. Comment donc la doctrine de la dépravation totale peut-elle être une bonne nouvelle ?
Nous pourrions nous demander quelle sorte de logique tordue pourrait bien transformer cette doctrine en nouvelle encourageante. En réalité, cette vérité est étonnamment utile aux pécheurs pour au moins trois raisons.
* Premièrement, c’est une bonne nouvelle parce que cette vérité regarde la réalité en face.
Elle nous révèle la vérité nous concernant et nous apprend ce que nous sommes vraiment. Bien sûr, les gens ne sont peut-être pas aussi mauvais qu’ils pourraient l’être, et beaucoup font preuve de bonté et de gentillesse. Pourtant, nous sommes tous en rébellion contre Dieu et ses lois, et la vérité sur notre nature humaine est celle que nous voyons dans les journaux quotidiens. Les manchettes nous présentent des scandales politiques, de l’immoralité sexuelle et des fraudes financières. À notre grand désarroi, les nouvelles nous parlent régulièrement d’un énième attentat suicide à la bombe ou d’une nouvelle fusillade dans une école. Les femmes trompent leurs maris et les maris trompent leurs femmes. Les nations riches exploitent leurs voisines pauvres. L’Internet diffuse de la pornographie, aussi abjecte qu’elle soit. Des hommes et des femmes sont assassinés, des mensonges sont proférés et des fraudes sont commises. La liste n’en finit plus. L’histoire de la race humaine est remplie d’atrocités de tout genre. La réalité brutale révèle que la méchanceté des êtres humains ne connaît pas de limites. Les sociétés occidentales modernes, qui semblent ne jamais se fatiguer de nous dire que les êtres humains ne sont pas si mauvais, sont fréquemment stupéfaites et désenchantées face à l’évidence du contraire. Mais la vérité de la dépravation totale nous met en contact avec le monde tel qu’il est vraiment. Elle nous montre où nous nous situons réellement sur la carte spirituelle. Nous savons désormais où nous sommes devant Dieu. En ce sens, il s’agit d’une bonne nouvelle.
* Deuxièmement, cette doctrine est une bonne nouvelle parce qu’elle nous fournit le contexte entourant la grâce de Dieu.
À notre grand étonnement, nous découvrons que Dieu aime les pécheurs : des hommes et des femmes totalement corrompus ! Depuis la chute, nous imaginons tout naturellement qu’il faut une certaine bonté en nous pour que Dieu soit bon et gentil envers nous. Or, l’incroyable vérité de l’Évangile est que l’amour de Dieu touche des hommes chez qui, selon sa propre estimation, il n’existe pas une once de pure bonté. Après avoir exposé les grandes lignes de notre dépravation pécheresse aux chrétiens d’Éphèse, l’apôtre Paul ajoute : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ. » Pas étonnant qu’il continue en disant : « C’est par grâce que nous êtes sauvés ». C’est vraiment la meilleure des bonnes nouvelles ! Si Dieu aime ceux que l’on ne peut qualifier autrement que de « totalement corrompus », alors aucun pécheur n’est sans espoir. Personne ne peut être « trop mauvais » pour être sauvé.
* Troisièmement, même si cette vérité de la dépravation totale nous rend humbles, elle conduit aussi à l’autre bonne nouvelle, selon laquelle nous pouvons être totalement honnêtes et transparents devant Dieu.
Nul besoin de faire semblant d’être meilleurs que nous ne le sommes réellement. La bonne nouvelle est que Dieu aime les pécheurs : des hommes et des femmes avec une nature mauvaise. Son amour s’adresse même à ceux qui se voient comme des ratés complets et qui se haïssent pour ce qu’ils sont et ce qu’ils ont fait. Puisque la Bible proclame la bonne nouvelle au sujet d’un Dieu qui aime les vrais pécheurs, nous pouvons laisser tomber nos masques et arrêter de nous mentir à nous-mêmes, et nous présenter honnêtement devant Dieu. Cette découverte est de la dynamite spirituelle pour toute âme esclave du péché.
Voici une boutade : « Quelle est la différence entre un optimiste et un pessimiste ? » la réponse est : « L’optimiste n’a pas encore tout vu « « Mais la doctrine de la dépravation totale nous fait voir les pires faits au sujet de l’humanité en général et de nous-mêmes en particulier. Du même coup, elle nous offre une grande espérance dans l’Évangile. Sans aucun doute, les chrétiens peuvent utiliser cette vérité pour réchauffer le coeur de leurs prochains non croyants. C’est une bonne nouvelle.
Benton, John.
"Le calvinisme et l'évangélisation"