Un message prophétique concernant les responsables chrétiens, et la tentation d’un christianisme matérialiste.
« Et il me dit: As-tu vu, fils d’homme ? Tu verras encore des abominations plus grandes que celles-là. Puis il me fit entrer au parvis intérieur de la maison de l’Eternel; et voici, à l’entrée du temple de l’Eternel, entre le portique et l’autel, environ vingt-cinq hommes, le dos tourné vers le temple de l’Eternel, et leurs faces vers l’orient; et ils se prosternaient vers l’orient devant le soleil » (Ezéchiel 8:15-16).
Quelle était donc cette grande abomination dans le parvis intérieur de la maison de l’Eternel ? On y retrouvait vingt-cinq éminents princes d’Israël qui se tenaient entre l’autel et le portique, et qui tournaient le dos à l’autel. Ils n’étaient pas en train de sonner de la trompette en Sion, ni de publier un jeûne, ni de convoquer une assemblée solennelle, ni d’assembler le peuple pour qu’il se sanctifie devant le Seigneur. Eux-mêmes ne se ceignaient pas et ne pleuraient pas, pas plus qu’il ne passaient la nuit revêtus de sacs ; ils ne se lamentaient pas non plus à cause du péché, ou parce que la joie s’était desséchée (Joël 1/13, 14 ; 2/15, 17). Ces hommes de Dieu, qui étaient appelés à pleurer entre le portique et l’autel, tournaient le dos à cet autel, et, le visage vers l’orient, se prosternaient devant le soleil.
Les vingt-cinq hommes symbolisent l’ensemble du clergé, et les soixante-dix anciens représentent les laïcs. Ezéchiel a vu des choses terribles se produire derrière les portes closes : les soixante-dix hommes des anciens de la maison d’Israël corrompaient leurs pensées et leur imagination avec des idoles « peintes sur la muraille tout autour » (Ezéchiel 8/10). Ceci représentent les laïcs qui, par leurs actions, déclarent : « l’Eternel ne nous voit pas, l’Eternel a abandonné le pays » (Ezéchiel 8/12). Leurs pensées avaient été totalement corrompues, et ils pratiquaient l’idolâtrie tout en continuant à servir dans la maison de l’Eternel.
Toutefois, les plus grandes abominations ont été commises par les membres du clergé. Ils se tenaient dans le parvis intérieur, irritant Dieu, ne comprenant même pas la gravité de leurs actions. Pas une larme, pas une seule sonnerie de trompette, personne qui élevait la voix pour se lamenter ou se repentir. Il regardaient le soleil, ce dieu qui leur donnait la lumière, grâce à laquelle ils pouvaient réaliser les fantaisies de leur imagination, c’est-à-dire la poursuite du pouvoir, et le rêve d’un avenir prospère. Ces deux éléments sont les caractéristiques jumelles de l’adoration du soleil. (ndlr : Peut-être peut-on y voir aussi dans l’adoration de la lumière, l’amour de la connaissance de Dieu (gnosticisme) plutôt que l’amour/obéissance et soumission à la Personne divine).
Salomon, qui a été le constructeur le plus ambitieux au monde, a déclaré : « J’ai vu tous les travaux qui se font sous le soleil; et voici, tout est vanité et poursuite du vent » (Écclésiaste 1:14). Après avoir passé toute sa vie à contempler le soleil, à réaliser son rêve et à travailler jour après jour, il a fini par mépriser tout cela : « Et je me suis tourné vers toutes les oeuvres que mes mains avaient faites, et vers tout le travail dont je m’étais travaillé pour [les] faire; et voici, tout était vanité et poursuite du vent, et il n’y en avait aucun profit sous le soleil » (Écclésiaste 2:11).
Je comptais autrefois parmi ces sacrificateurs qui se tenaient dans le parvis intérieur, et mon visage était orienté dans la mauvaise direction. J’avais acheté 142 hectares d’un terrain magnifique situé dans l’est du Texas afin d’y construire un centre « pour la gloire de Dieu ». J’ai passé 4 ans à construire, et dès que j’avais mené un projet à terme, je me lançais aussitôt dans un autre. C’est ainsi que ce sont succédés une école, un dortoir, un gymnase, un village de style « western », un hôtel, une piscine, un terrain de jeux et des lacs. Mon bureau était un atelier d’architecture, et mes conseillers étaient des entrepreneurs et des architectes. Je restais debout tard la nuit pour implorer l’aide de Dieu, et je demandais constamment de l’argent à ceux qui me soutenaient financièrement. Pendant tout ce temps-là, j’étais pleinement convaincu que Dieu était présent dans tout ce que j’entreprenais.
Le problème n’était pas avec mon moi, ni avec l’ambition ; le problème était plutôt l’activité furieuse de mon coeur divisé qui cherchait la délivrance. Je croyais me donner entièrement en vue de combler des besoins humains. Des centaines de milliers de dollars ont été dépensés à essayer de gratter une démangeaison que je ne pouvais pas localiser. J’étais alors trop aveugle pour comprendre que je n’étais pas vraiment en train de construire dans le bon royaume, et que ce royaume était de la chair, une chair sincère et compatissante.
Plus je construisais, moins cela m’apportait de joie. Je pouvais m’identifier avec tout ce que Salomon avait écrit : « Tout est vanité, il n’y a aucun avantage à tirer de tout cela ». Un jour, l’Esprit de Dieu est descendu sur moi et m’a dit clairement : « Eloigne-toi de tout cela, donne ces projets à quelqu’un d’autre. Viens, construis mon temple et retourne vers les gens ». Depuis, je n’ai jamais regretté d’avoir quitté ce monde vide que représente la construction, la planification et le travail fait de main d’homme.
Je ne crois pas un seul instant que tous les ministres soient pris dans cet esprit de concurrence, et qu’ils cherchent à dépasser les autres au niveau de la construction. Récemment, je suis allé dans des églises où la gloire de Dieu était présente, et où le pasteur et sa congrégation ne se préoccupaient pas du tout de ce qui avait été construit. Ils ne se glorifiaient aucunement de leur bâtiment. Leur seule préoccupation était de combler les besoins des gens. Tout a été fait dans le simple but de se pourvoir d’un lieu d’adoration. Ni le pasteur et ni la congrégation ne se souciaient de ce que faisaient les autres ; ils se contentaient de suivre les directions prescrites par l’Esprit Saint. J’aime prêcher dans ces églises, à cause du sentiment d’humilité et du respect qui y règne.
Ce contre quoi je prophétise, c’est l’esprit de concurrence, ce besoin d’être plus grand et meilleur que les autres, d’être le centre de l’attention. Je dénonce la construction de tout bâtiment – temple, institution ou autre – réalisée par des hommes poussés par l’ambition, des hommes qui n’ont plus le coeur brisé à la vue des brebis affamées, des hommes qui mentent et qui quêtent de l’argent pour pouvoir mener à terme leurs projets extravagants, des projets qui ne semblent pas avoir de fin, et qui n’ont à peu près rien à voir avec le salut des inconvertis.
Au nom du Seigneur, je dénonce les hommes dont les interventions publiques pour obtenir de l’argent sont si odieuses, que les méchants se moquent, et croient que la maison de Dieu est un repaire de voleurs. Les demandes d’argent qui, depuis quelques temps, proviennent du siège social de certains ministères, sont une honte pour un Dieu saint. Certaines de ces démarches sont carrément mensongères et constituent un crime barbare au yeux du Seigneur. Dieu déteste ces procédés, et Il a promis d’y mettre un terme : « J’ai manifesté ma puissance contre toi : je t’ai coupé les vivres, et je t’ai livré à tes ennemis » (Ezéchiel 16/27).
A une époque de violence, où la manifestation de la colère de Dieu est imminente, que devrait construire un homme de Dieu ? Noé, lui, a construit une arche. « Et la terre était corrompue devant Dieu, et la terre était pleine de violence. Et Dieu dit à Noé: La fin de toute chair est venue devant moi, car la terre est pleine de violence à cause d’eux; et voici, je vais les détruire avec la terre » (Genèse 6:11).
En cette époque de violence et de corruption, puisse-t-il y avoir davantage d’hommes de Dieu qui se donnent entièrement pour sauver le peuple de l’Eternel. Nous devrions pouvoir entendre un cri déchirant provenant de nos chaires, ainsi que de chaque évangéliste, un cri qui annonce le jugement qui frappera bientôt la terre et ses habitants.
Il est aberrant de voir qu’il y a peu ou pas de sentiment d’urgence face au retour de Christ et au jugement du péché. On demande aux gens de se sacrifier, de donner et de travailler, mais on ne les encourage pas à rechercher la pleine volonté de Dieu. On ne les exhorte pas à se procurer de l’huile pour leur lampe ; on ne les avertis pas de tailler leur mèche, pas plus qu’on ne les réveille pour qu’ils aillent à la rencontre de l’Époux.
C’est un crime que de prêcher le succès, la prospérité et les bénédictions matérielles sans fin à une génération qui est sur le point d’être traduite devant le Juge de cette terre. Si les prédicateurs ne sont pas alarmés, s’ils sont tranquilles, occupés à construire, à planter, à acheter et à vendre, où se retrouveront les enfants de Dieu ?
Ils finiront pas s’étendre paresseusement sur des lits de détente pour ne penser qu’à boire, à manger, et à s’amuser. Ils construiront leurs propres demeures lambrissées, boiront leur vin dans des coupes d’argent, et ne vivront que pour les plaisirs du moment présent. Sion est tranquille parce qu’il n’y a personne qui sonne de la trompette.
David Wilkerson
« Sonne de la trompette et avertis mon peuple »
Editions des Nations