« Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé». {Jn 15,5:7}
Tout le secret de la prière se trouve dans ces paroles de notre Seigneur.
Voici la prière qui dispose d’un pouvoir illimité: « Demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé ».
Il y a donc un moyen de demander et d’obtenir exactement ce que l’on demande et tout ce que l’on demande. Christ pose deux conditions à cette prière toute puissante:
1° La première condition est : « Si vous demeurez en moi ».
Qu’est-ce que demeurer en Christ?
Quelques-unes des explications données sont si profondes et si mystiques que, pour beaucoup d’enfants de Dieu à l’esprit simple, elles ne signifient pratiquement rien; pourtant ce que Jésus voulait dire était en réalité très simple.
Il venait de se comparer à une vigne et ses disciples à des sarments. Quelques sarments restent attachés à la vigne, c’est-à-dire demeurent dans une vivante union avec elle, de sorte que la sève ou la vie de la vigne afflue constamment dans ces sarments. Ils n’ont aucune vie indépendante qui leur soit propre.
Tout en eux est simplement le produit de la vie de la vigne qui s’écoule en eux. Les bourgeons, les feuilles, les fleurs, les fruits qu’ils portent ne sont pas vraiment leurs bourgeons, leurs feuilles, leurs fleurs et leurs fruits mais ce sont ceux de la vigne. D’autres sarments sont complètement séparés de la vigne, ou bien le cours de la sève ou vie de cette vigne est, de quelque manière, arrêté en eux.
En ce qui nous concerne maintenant, demeurer en Christ c’est conserver avec Lui une relation semblable à celle de la première sorte de sarments avec la vigne; demeurer en Christ c’est, autrement dit, renoncer à toute vie indépendante qui nous soit propre, cesser d’essayer de penser nos pensées propres, de former nos propres résolutions, de cultiver nos propres sentiments, pour simplement et ‘constamment regarder à Christ qui pensera en nous Ses pensées, formera en nous Ses desseins, éprouvera en nous Ses émotions et Ses affections. C’est renoncer à toute vie indépendante de Christ et s’attendre à Lui constamment pour qu’il nous infuse Sa vie et la manifeste à travers nous. Quand nous faisons cela, et dans la mesure où nous le faisons, nos prières obtiendront ce que nous attendons de Dieu.
Il ne peut en être autrement car nos désirs ne seront plus alors nos propres désirs mais ceux de Christ et nos prières ne seront plus en réalité nos propres prières mais celles de Christ priant en nous. De telles prières seront toujours en harmonie avec la volonté de Dieu et le Père exauce toujours le Fils. Quand nos prières échouent, c’est parce qu’elles sont effectivement nos prières. Nous avons conçu le désir, établi la demande par nous-mêmes au lieu de nous attendre à Christ afin qu’il prie par nous.
Dire qu’il nous faut demeurer en Christ dans toutes nos prières, nous attendre à Christ pour qu’il prie par nous plutôt que prier nous-mêmes revient simplement à dire que nous devons prier « par l’Esprit ». Quand nous demeurons ainsi en Christ, nos pensées ne sont pas nos propres pensées mais les Siennes, notre fruit n’est pas notre propre fruit mais le Sien; exactement comme les bourgeons, les feuilles, les fleurs et les fruits du sarment qui demeure sur la vigne ne sont pas ceux du sarment mais ceux de la vigne elle-même dont la vie s’écoule dans le sarment et se manifeste par ces bourgeons, ces feuilles, ces fleurs et ces fruits.
Pour demeurer en Christ, il faut évidemment être déjà en Christ, l’ayant accepté comme le Sauveur dont l’expiation nous a rachetés de la culpabilité du péché et dont la résurrection nous a délivrés de la puissance du péché, et qui règne maintenant en Seigneur et Maître sur toute notre vie. Etant en Christ, tout ce que nous avons à faire pour demeurer (ou rester) en Christ consiste seulement à renoncer à notre vie propre, en renonçant absolument à toute pensée, tout dessein, tout désir, toute affection venant de nous-mêmes et en regardant seulement jour après jour et heure après heure à Jésus-Christ pour qu’il forme en nous ses pensées, ses desseins, ses affections et ses désirs. Demeurer en Christ est vraiment une chose très simple bien que ce soit une vie merveilleusement privilégiée et puissante.
2. Mais il est une autre condition mentionnée dans ce verset, quoiqu’elle soit en réalité contenue dans la première, c’est: « et que mes paroles demeurent en vous ».
Si nous voulons obtenir de Dieu tout ce que nous Lui demandons, les paroles de Christ doivent demeurer ou rester en nous. Nous devons étudier Ses paroles, bel et bien les dévorer, les laisser s’enfoncer dans notre pensée et dans notre coeur, les garder dans notre mémoire, leur obéir constamment dans notre vie, les laisser façonner et modeler notre vie de chaque jour et jusqu’au moindre de nos actes.
C’est vraiment là le moyen de demeurer en Christ. C’est par Ses paroles que Jésus se communique Lui-même à nous. Les paroles qu’il nous dit sont Esprit et Vie. {Jn 6:63} Il est vain d’espérer être puissant en prière à moins de méditer beaucoup sur les paroles de Christ et de les laisser s’enfoncer profondément dans nos coeurs pour y trouver leur demeure. Beaucoup s’étonnent d’être si impuissants dans la prière, mais tout s’explique très simplement par leur négligence des paroles de Christ. Ils n’ont pas serré Ses paroles dans leur coeur; Ses paroles ne demeurent pas en eux. Ce n’est pas par des accès de méditation mystique ou d’expériences extatiques que nous apprenons à demeurer en Christ; c’est en nous nourrissant de Sa parole, de Sa parole écrite telle que nous la trouvons dans la Bible, et en regardant au Saint-Esprit pour qu’il implante ces mots dans nos coeurs et les y fasse vivre. Si nous laissons ainsi les paroles de Christ demeurer en nous, elles nous pousseront à la prière. Elles seront le moule dans lequel nos prières prendront forme et nos prières seront nécessairement selon la ligne de la volonté de Dieu et prévaudront auprès de Lui. Mais il est presque impossible de prier de cette manière quand on néglige l’étude de la Parole de Dieu.
Une simple étude intellectuelle de la Parole de Dieu n’est pas suffisante. Il faut qu’elle soit méditée, tournée et retournée dans notre esprit en regardant constamment à Dieu pour que, par son Esprit, Il la rende vivante dans nos coeurs. La prière née dans la méditation de la Parole de Dieu est celle qui s’élance le plus aisément vers l’oreille attentive de Dieu.
George Müller, l’un des plus puissants hommes de prière de la génération présente commençait, quand venait l’heure de la prière, par lire et méditer la Parole de Dieu jusqu’à ce que, de l’étude de la Parole, une prière commençât à se former dans son coeur. Ainsi Dieu Lui-même était le véritable auteur de la prière et Dieu répondait à la prière qu’il avait Lui-même inspirée.
La Parole de Dieu est l’instrument au moyen duquel agit le Saint-Esprit. Elle est l’épée de l’Esprit à bien des points de vue. Celui qui veut expérimenter l’oeuvre du Saint-Esprit dans une quelconque direction doit se nourrir de la Parole. Celui qui veut prier par l’Esprit doit longuement méditer la Parole afin que le Saint-Esprit dispose du moyen approprié pour agir. C’est par la Parole que le Saint-Esprit forme en nous Ses prières et la négligence de la Parole rend impossible la prière par le Saint-Esprit. Si nous alimentions le feu de nos prières de ce combustible qu’est la Parole de Dieu, toutes nos difficultés dans la prière disparaîtraient.
R.A. TORREY