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AIMER NOTRE PROCHAIN...

Dernière mise à jour : il y a 3 jours


aimer


Lorsqu’il parlait de l’amour, Jésus, tout comme Paul, nous a parfois laissés perplexes. Tantôt leurs paroles nous semblent tendres et apaisantes, tantôt tranchantes et déroutantes. Pourtant, dans le chapitre 13 des Corinthiens, Paul nous livre une définition bouleversante : l’amour pardonne tout, croit tout, espère tout, supporte tout. Il va plus loin : sans l’amour, nous ne sommes rien – un néant spirituel ! Jésus, Lui, nous ordonne de nous aimer les uns les autres, de pardonner sans relâche, de tendre la joue à ceux qui nous frappent, de bénir ceux qui nous maudissent et de prier pour eux. Jean, dans un éclat de vérité, assène que l’absence d’amour pour nos frères trahit notre méconnaissance de Dieu – pire, elle nous range parmi les meurtriers. Les prédicateurs nous le martèlent, et nous nous efforçons d’obéir à ce commandement, aussi essentiel que celui d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée.


Mais voilà où nous trébuchons : nous emprisonnons cet amour dans une boîte étroite, rigide, et, au lieu de rayonner, nous devenons lâches et hypocrites. Nous nous contentons d’une moitié de l’amour – celle qui nous coûte peu – et reléguons l’autre, tout aussi vitale aux yeux de Dieu : celle qui exige de la compassion pour les âmes en péril, celle qui refuse de les abandonner à la mort éternelle. Nous polissons notre image, affichant une façade exemplaire, évitant les conflits qui pourraient ternir notre réputation ou nous exposer au jugement des autres. Pendant ce temps, des âmes sombrent sous nos yeux, et nous restons figés, paralysés par la crainte des remous, des critiques ou des représailles. Sous le masque d’un amour édulcoré, nous sacrifions le salut d’autrui. Par amour de notre confort et par manque de courage, nous détournons le regard, oubliant qu’une âme risque l’enfer si nous ne réagissons pas !


Jésus, pourtant, ne nous a pas laissés sans boussole. Dans Matthieu 18:15, Il est clair : « Si ton frère a péché, va et reprends-le seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » Si cela échoue, Il appelle à impliquer des témoins, puis l’Église, et enfin à traiter l’impénitent comme un étranger. Paul, lui, s’est insurgé face à l’église de Corinthe. Un frère vivait dans le péché, et les autres, indifférents, gardaient le silence ! Leur passivité l’indignait plus encore que le péché lui-même. À les voir, ils incarnaient un amour irréprochable : ils supportaient, pardonnaient, restaient calmes. Mais Paul ne s’est pas satisfait de cette façade. Dans 1 Corinthiens 5:3, il frappe fort : « J’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, celui qui a commis un tel acte. » Scandaleux, diront certains !


Que faisait cet homme ? Il vivait dans une relation immorale – il avait pris sa belle-mère pour femme. L’immoralité sexuelle ? Elle revêt bien des formes : adultère, fornication avant le mariage, inceste, homosexualité, ou encore liaison avec un divorcé. Mais est-elle pire que l’idolâtrie, le mensonge, l’ivrognerie ou la calomnie ? Non ! Car tous ceux qui s’y complaisent s’excluent du Royaume de Dieu. Paul, qui nous mettait en garde au chapitre 4 contre tout jugement prématuré, condamne ici sans hésiter. Il traite cet homme de « méchant », exige son exclusion et le livre à Satan ! N’est-ce pas démesuré ? Lui, l’apôtre de l’amour, ne se contredit-il pas ? Et Jésus ? Dans Matthieu 23:33, Il fustige les pharisiens : « Serpents, race de vipères ! Comment échapperez-vous à l’enfer ? » Lui qui nous demandait de bénir nos ennemis n’a pas mâché ses mots face à leur hypocrisie.


Oui, l’amour pardonne et supporte, mais il ne reste pas indifférent au péché dans l’église ! Aimer son prochain, c’est renoncer à son propre intérêt pour chercher celui de l’autre – son salut éternel. Si l’on m’attaque, je dois aimer comme Jésus, qui a offert Sa vie. Mais si je vois mon frère ou ma sœur s’enliser dans le péché et que je me tais, je suis comme le prêtre et le Lévite, passant sans cœur à côté de l’homme roué de coups par des brigands. Je le laisse mourir, par peur d’être jugé légaliste ou sectaire. Pire, je l’abandonne parmi des âmes vulnérables qu’il pourrait entraîner dans sa chute. Un peu de levain fait lever toute la pâte ; un peu de péché peut corrompre une assemblée entière. L’amour véritable ne pactise pas avec le mal – il agit, il secourt, il sauve.


C’est par un amour ardent que Paul parle avec une telle rudesse. Il préfère briser le silence, risquer la rupture, plutôt que de voir une âme périr sans espoir de repentance. Et nous ? Face au péché de nos frères et sœurs, que faisons-nous ? Fermons-nous les yeux pour préserver la paix, ou osons-nous les reprendre avec amour et l’autorité de Christ ? Un jour, nous comparaîtrons devant le tribunal divin. Pourrons-nous justifier notre inaction, notre timidité ? Des âmes se perdront, et même si leur choix leur appartient, quelle part aurons-nous prise pour les détourner de l’abîme ? Ne rougirons-nous pas de notre silence complice ?


Des âmes se perdent hors de l’église, mais aussi en son sein, sous nos regards détournés. Elles connaissent la Parole, mais la foulent aux pieds. Cela ne nous exonère pas de notre responsabilité. Laisserons-nous nos frères mourir sans un sursaut, préférant notre quiétude à leur salut ? La compassion devrait nous enflammer, nous pousser à briser notre mutisme. Oui, il y a un risque : perdre cette âme. Mais il y en a un autre, plus grand encore : qu’elle se repente et soit sauvée ! Paul le proclame dans 1 Corinthiens 5:12 : « N’est-ce pas ceux du dedans que vous avez à juger ? » C’est exigeant, douloureux, mais c’est cela, l’amour : avertir pour arracher le pécheur des flammes de l’enfer et préserver le corps de Christ de la souillure.


Paul est implacable. Il interdit tout lien avec un tel pécheur. Manquerait-il d’amour ? Non ! Il est un modèle à imiter. Son enseignement est limpide : le péché dans l’église ne se tolère pas. « Soyez mes imitateurs », lance-t-il au chapitre 4. L’amour n’est pas une excuse pour fermer les yeux sur le mal – il est une force qui confronte, qui restaure, qui protège. Prions Dieu de nous armer de courage et de fermeté pour reprendre avec amour ceux qui s’entêtent dans le péché. Leur éternité est en jeu, tout comme la pureté de l’église. Ne l’oublions jamais : aimer, c’est parfois risquer tout pour ne pas perdre l’essentiel.



L. Gilman



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